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 A l'heure du thé

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Lilly Doll
La Diplaymate
Lilly Doll

Age : 30
Localisation : Quartier de Salma, Promontoire

A l'heure du thé Empty
Mer 2 Nov - 21:52

Ceci est une scène très récente qui s'est passée une nuit, alors que Lilly s'était endormie devant son miroir. Dans la tête de Lilly, que s'est-il passé à ce moment-là?

A l'heure du thé



« Bonjour ! »
Tu te tenais devant moi, aussi stoïque que la première fois.
Tu n’as pas changé depuis tout ce temps passé ensemble : tu es toujours aussi élégante, loquace et irrésistiblement jolie. Ton éclat de rire emplit ma tête et la fait tourner, encore. Tu te moques ? Tu as le droit. Après tout, il n’est plus si terrible que cela. Après tout, je crois que je t’ai compris maintenant.

Tu t’es tue à mes mots, te faisant tout attentive à mon égard. Tes jolies boucles d’or ont arrêté de s’envoler sans queue ni tête autour de ton visage poupin. Te voir aussi attentive me rend tellement perplexe. Est-ce que tu m’écouteras jusqu’au bout ? Est-ce que tu oseras m’interrompre dans mes pensées les plus folles ?

Tu as hoché la tête, tu as souris, comme tu le fais si bien quand je suis en proie au doute. Le calme alors se faisait présent, comme personnifié autour de notre table. Je l’avais imaginé de fer blanc, avec un magnifique service à thé en porcelaine. Il avait des couleurs d’été et de printemps. Tu te souviens ? Quand nous avions cassé une de ces tasses, étant petites ? Nous l’avions cachée dans l’armoire de Papa, dans une des boîtes à chaussures. Nous avions eu tellement peur qu’il nous gronde ce jour-là, que nous nous étions cachés dans son armoire, avec la boite dans les mains et nous nous étions endormies. Piètre idée n’est-ce pas ? Et pourtant le lendemain, nous étions dans notre lit et Papa nous avait concocté un succulent déjeuner. De ce service à thé, il n’en reste plus rien ; elle a été brisée pendant les fouilles à l’époque. Mais il est resté de ce souvenir cette tasse dans son armoire, et recollée. Mais je ne m’en suis rendue compte que quelques années plus tard.

Tu as ris à ce souvenir. Tes yeux ont un éclat si brillant à la lumière que ça te rend presque adulte. Mais je le vois aujourd’hui, tu as grandi. Tu ne fais plus aussi petite fille. Tu as alors sursauté.
« Je suis toujours la même. »

C’est à mon tour de sourire. C’est si rare que je puisse te surprendre ! Allons, regarde-toi. Tu n’es plus aussi spontanée qu’avant. Tu n’es plus aussi tourmentée qu’avant. Et surtout, nous ne sommes plus comme avant.

Une larme est montée à ton œil gauche. Tu n’as rien dit. J’ai pu continuer. Tu te souviens de ce jour où ces monstres ont scarifié mon œil ? Comme si je n’étais qu’un objet parmi tant d’autres sur lesquels ils avaient posé leur signature ? J’avais tellement eu mal que tu m’as consolé, tu es apparu dans mes rêves et tu as essayé de les rendre agréable. Tu ne voulais pas que je m’en souvienne, mais tout le contraire est arrivé. J’avais compris bien trop tôt que le monde n’était pas aussi beau et aussi lumineux que le décrivait Papa : il était plein de douleur et de terreur. Et une partie de moi ne voulait pas y croire. Il ne voulait pas croire au fait simple que notre tendre Papa ait menti sur le monde. Nous avions alors commencé à marcher à deux, à essayer de nous soucier de rien et d’avancer avec la douleur de la réalité. Nous voyions le monde comme un grand rêve ; il était trop inconcevable à notre âge qu’il change de toute manière. Ou qu’il en soit autrement.

« Tu n’avais pas à souffrir de cela. »
Peut-être. Mais de cette pensée est née une idée. Une idée qui nous a complètement séparée par la suite. Et Dieu. Comme je regrette le jugement que je t’ai imposé, toi qui ne voulait qu’une chose, me protéger.
Car tu étais prête à grandir, à affronter ce monde. Mais c’est moi qui ne l’ai jamais voulu. Et les rôles se sont inversés rapidement, quand Papa est parti. J’avais trouvé en Frédérique un protecteur et un ami sur qui nous aurions été extraits de toutes les horreurs du monde. Je voulais oublier qu’on nous avait enlevé ce qui nous était le plus cher, le plus précieux. Et quand il nous a maudits, quand les fils se sont répandus dans ma nuque au travers de mes mains… J’aurais pu tout arrêter. Mais je l’ai laissé faire : car je ne voulais plus souffrir. Et à cause de moi, tu as pris ma place pendant ces dix dernières années.
J’ai tourné la tête, en larme et souriant encore. Tu étais là toi aussi, un souvenir perdu dans ma tête, mais je m’en souvenais encore. Ma première amie, ma première sœur. Tu étais déjà bien plus pour moi que je ne l’avais jamais imaginé. Et tu m’as réveillé de se sommeil, tu m’as donné la claque que j’attendais. Je ne pouvais pas vivre sans sentiment. Je me suis alors retourné vers toi, tes yeux d’ambres coulant comme jamais je ne les avais vues couler. Pourquoi pleures-tu ? Pour t’excuser de n’avoir pas voulu me laisser reprendre ce qui était à moi ? Arrête de nous protéger. Ou plutôt, protégeons-nous ensemble. Car un cœur ne peut vivre sans la raison… Comme une poupée ne peut vivre sans son marionnettiste.

J’ai compris. Que celle que je redoutais le plus n’était pas toi. Mais moi. J’ai toujours voulu réprimer mes colères, mes peines, car j’avais peur de souffrir, et à chaque fois je te laissais intervenir parce que je ne savais pas comment réagir. Mais aujourd’hui, j’ai envie de le vivre avec toi. Aujourd’hui… je veux que l’on soit une seule personne. J’ai appris à m’aimer, Lilly. Et j’ai grandi. Je ne suis plus la petite fille d’autrefois. Mon corps est grand, élancé et avec ce qu’il faut. Je n’ai plus à cacher maintenant ce que je ressens, dans le seul et unique but de faire sourire les autres. Je n’ai plus à me cacher derrière un masque de mesure, alors que l’on me tue à petit feu moralement. Je ne dois plus me laisser faire quand on me manipule. Tout ça semble si différent maintenant, cela va prendre du temps. Mais je le sais. Car je ne suis plus cette petite fille cachée dans le placard qui avait peur qu’on la gronde. Je veux vivre pleinement cette vie. Avec mon temps, mais toujours avec ce regard d’enfant pour ne pas perdre espoir.

Oui tu es resté la même. Mais c’est moi qui ait grandit. Ne veux-tu pas grandir avec moi maintenant ?

Tu as souris. Sanglotant comme jamais. Tu as alors hoché la tête, tendant ta main que j’ai prise avec douceur. Tu t’es alors blottit contre moi, et j’ai senti tes formes changer tout doucement. Tu avais maintenant des airs d’adolescentes. Tu étais moins têtue, plus douce. Tu m’as regardé une dernière fois, puis tu as glissé en moi tel un spectre avant de disparaître.

Quand j’ai ouvert les yeux, je me suis sentie comme libéré d’un lourd poids. Je me suis précipité à mon miroir, y voyant mes formes d’adultes, ma mèche un peu emmêlé, ma cicatrice par derrière, et mon mascara coulant sur ma joue, y formant une trace noir aussi présente que ma cicatrice. J’ai esquissé un sourire, on aurait dit la fracture d’un visage de porcelaine. Prenant un coton, j’ai retiré la trace doucement, pour en ressortir un reflet familier et enfin reconnaissable.

J’avais compris. Et aujourd’hui, les choses me semblaient plus simples. Je savais enfin qui j’étais. Et je n’avais plus à douter de moi, ni de mon passé.
Quelques mots sont alors venus dans ma tête. Une phrase simple, que j’étais autrefois incapable de prononcer il y a, à peine, quelque jours, et ce depuis plus de 13 ans.

« Je suis la Comtesse Lilly-Rose, Théodora, Léonora, Anastoria Honory. Héritière du Comté des O’Donnel. Je suis la Poupée et la Marionnettiste. Je suis Lilly. »

Mon œil est resté indemne. Et mon reflet a souri.



 

A l'heure du thé

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